Comment mesurer et prouver le ROI d’une sensibilisation à la cybersécurité
Les RSSI investissent chaque année davantage dans la sensibilisation à la cybersécurité : simulations de phishing, micro-learning, campagnes internes… Mais lorsque vient le moment de défendre le budget ou de démontrer l’impact réel, la discussion se tend : comment prouver que ces efforts changent véritablement les comportements ?
Mesurer le ROI de la sensibilisation à la cybersécurité reste un angle mort de nombreuses stratégies SSI. Et pourtant, sans indicateurs tangibles, la sensibilisation reste cantonnée au registre de la communication.
La méthode June Factory propose de sortir de ce piège : en combinant Phosforea, moteur de formation comportementale, et Auditool, plateforme de pilotage du contrôle interne, les RSSI peuvent désormais relier pédagogie et réalité terrain dans une même boucle de conformité.
Le paradoxe du ROI en sensibilisation : entre intuition et crédibilité
Les RSSI savent que la sensibilisation fonctionne — mais ils peinent à le prouver.
Selon le CESIN 2024, seuls 27 % des RSSI déclarent disposer d’indicateurs formalisés pour mesurer l’efficacité de leurs programmes de sensibilisation.
En pratique, les organisations se contentent souvent de suivre des données superficielles : taux de participation, satisfaction ou score moyen aux quiz. Ces chiffres montrent une activité, pas un changement de comportement.
“On me demande combien d’incidents on évite grâce à nos formations… Je n’ai pas de métrique crédible à présenter.” — RSSI d’un groupe de services, témoignage CLUSIF 2024
Or, sans mesure fiable, la sensibilisation reste perçue comme un poste de dépense non prioritaire.
Le ROI devient donc une question de crédibilité stratégique : comment transformer une démarche perçue comme “soft” en un levier mesurable de réduction du risque ?
La réponse : relier la pédagogie à la preuve terrain.
Pourquoi la mesure du ROI de la sensibilisation est un levier stratégique
1. Justifier et pérenniser les budgets
Dans un contexte de rationalisation des dépenses, le COMEX attend du concret. Les RSSI capables de démontrer une corrélation entre investissement formation et baisse du risque sécurisent leurs budgets sur le long terme.
Selon le rapport Proofpoint – Voice of the CISO 2025, les entreprises mesurant les comportements post-formation observent 30 % d’incidents internes en moins.
Le ROI ne se limite donc pas à la réduction d’incidents : il s’exprime aussi en temps gagné sur les remédiations, en baisse du turnover lié aux crises, et en confiance accrue des métiers.
2. Orienter les efforts pédagogiques
La mesure du ROI permet d’identifier les zones de fragilité persistantes : clics sur phishing, partage de données sensibles, gestion des accès distants. Plutôt que d’imposer des parcours génériques, le RSSI peut ajuster les formations pour cibler les véritables risques comportementaux.
3. Aligner communication et gouvernance
Mesurer, c’est aussi parler le langage du COMEX. Transformer des scores de quiz en indicateurs de performance, c’est donner à la sécurité une place dans la gouvernance d’entreprise. La sensibilisation n’est plus “l’affaire du RSSI”, mais un indicateur collectif de maturité organisationnelle.
Comment structurer la mesure du ROI avec la méthode June Factory
La méthode June Factory repose sur quatre étapes : Définir → Évaluer → Remédier → Superviser.
Appliquée à la sensibilisation, elle permet de passer du discours à la preuve.
1 : Définir les objectifs comportementaux
Avant de lancer une campagne, encore faut-il savoir ce que l’on veut changer. “Former 100 % du personnel” n’est pas un objectif ; “réduire de 40 % les transferts de fichiers non sécurisés” en est un.
Phosforea aide à modéliser ces objectifs comportementaux : chaque parcours est associé à une fonction, un risque et une exigence réglementaire (NIS2, RGPD, DORA…).
Exemples d’objectifs pertinents :
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Diminuer le taux de clics sur phishing simulé.
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Renforcer la vigilance des équipes d’achat sur la sécurité fournisseur.
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Réduire le shadow IT dans les équipes techniques.
 
En les formulant clairement, on prépare le terrain d’une mesure de ROI crédible.
2 : Évaluer l’engagement et la progression des équipes (Évaluer)
Une fois les parcours déployés, Phosforea permet de suivre finement les taux de participation, de progression individuelle, ainsi que les scores moyens par thématique cyber.
Ces données, agrégées par métier ou service, donnent une première vision du ROI pédagogique.
Exemple : après trois mois de campagne, la Direction RH d’un groupe bancaire affiche une progression moyenne de +35 % sur les modules phishing, tandis que la Direction achat atteint un taux de réussite de 88 % sur la reconnaissance de faux sites.
Ces indicateurs ne prouvent pas encore un changement de comportement réel — mais ils révèlent une dynamique d’apprentissage.
3 : Vérifier l’ancrage opérationnel via les contrôles internes (Remédier & renforcer)
C’est ici qu’entre en jeu Auditool. Le ROI ne se mesure pas uniquement à ce que les collaborateurs savent, mais à ce qu’ils font. Phosforea sensibilise et forme. Auditool, lui, permet de structurer des contrôles permanents ou périodiques pour observer la mise en pratique sur le terrain.
Concrètement :
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Après un module sur la sécurité des mots de passe, un contrôle Auditool vérifie si les consignes sont effectivement respectées ;
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Après une formation sur la gestion des fournisseurs, un contrôle vérifie la mise à jour des clauses de sécurité dans les contrats ;
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Après une campagne sur la protection des données, un audit vérifie la conformité des partages via outils collaboratifs.
 
Exemple : un contrôle Auditool révèle 25 % de non-conformités sur la politique de mots de passe malgré un taux de complétion Phosforea de 95 %. Résultat : un plan d’action ciblé est déclenché — nouvelle micro-formation + contrôle un mois plus tard.
Ce mécanisme relie la formation à la vérification opérationnelle, transformant la sensibilisation en véritable levier d’amélioration continue.
4 : Superviser et valoriser les résultats (Superviser & consolider)
La dernière étape consiste à rendre la mesure lisible. Les RSSI disposent alors de deux types de données : les indicateurs d’engagement issus de Phosforea, les indicateurs de conformité issus d’Auditool.
En les croisant, on obtient une vue complète du ROI sensibilisation cybersécurité :
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Participation élevée + conformité faible → effort d’accompagnement à prévoir ;
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Participation modérée + conformité forte → bonne assimilation spontanée ;
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Progression simultanée sur les deux axes → ROI avéré.
 
Nous recommandons de regrouper ces données dans un “Compliance Learning Dashboard” : un tableau de bord mensuel ou trimestriel affichant : taux d’exposition, d’engagement , niveau de maîtrise , évolution temporelle.
Ces éléments deviennent des preuves tangibles à présenter en comité de direction. Le RSSI parle désormais en indicateurs, pas en ressenti.
Se projeter : à quoi ressemble un pilotage ROI de la sensibilisation ?
Imaginez un RSSI capable, chaque trimestre, de présenter au COMEX un rapport de maturité clair, comprenant un tableau de bord illustrant la progression comportementale des équipes.
Exemple : “Nous avons investi 10 000 € dans la formation sur les risques tiers ; les écarts observés sur les contrôles fournisseurs ont chuté de 22 %.”
Dans ce scénario, la sensibilisation n’est plus une dépense, mais un actif stratégique qui réduit le risque humain, renforce la conformité et crédibilise la fonction SSI auprès de la direction. C’est cette prospective réaliste que nous cherchons à rendre concrète : un pilotage de la culture sécurité par la preuve.
Clés de réussite pour piloter le ROI de la sensibilisation
1. Fixer des objectifs comportementaux mesurables
Remplacer les objectifs quantitatifs (“former tout le monde”) par des indicateurs d’usage concret.
Exemple : “réduire les transferts de données via canaux non sécurisés de 40 % en six mois”.
2. Relier sensibilisation et contrôles internes
Chaque écart observé dans Auditool devient une opportunité d’apprentissage dans Phosforea.
Cette approche intégrée transforme les audits ou contrôles permanent de conformité en outils de progrès, pas de sanction.
3. Centraliser les données dans un tableau de bord lisible
Un Compliance Learning Dashboard simplifie le dialogue avec la direction. Trois indicateurs clés : exposition, engagement, progrès.
4. Maintenir une mesure continue
Le ROI n’est pas un bilan annuel, mais un flux. Suivre les indicateurs tous les trimestres permet de détecter les signaux faibles et d’ajuster les plans d’action.
5. Valoriser les progrès auprès du COMEX
Présenter la sensibilisation comme un levier de performance collective : services exemplaires, progrès métiers, amélioration durable des pratiques.
Conclusion :
Mesurer le ROI de la sensibilisation à la cybersécurité ne consiste pas à additionner des taux de complétion, mais à démontrer une transformation des comportements vérifiable sur le terrain.
En articulant Phosforea (formation) et Auditool (contrôle), le RSSI crée un cycle vertueux : sensibiliser, observer, corriger, prouver. La mesure devient alors un langage commun entre sécurité, conformité et direction générale.
La sensibilisation sort du registre de la communication pour entrer dans celui de la gouvernance.
